Récolte des céréales

Couper les céréales, faire des gerbes, transporter, battre… Telles sont les premières fonctions à réaliser avant la phase de stockage et de transformation des céréales.  

Sont présentées ici, quelques machines utilisées pour ces fonctions, possédées par notre association, pour la plupart remises en état de marche et visibles sur notre site de la Bretonnière.


La moissonneuse des gaulois ou « vallus » 

L’historien et écrivain Pline l’Ancien, qui a vécu de l’an 23 à l’an 79, décrit ce qu’il a vu dans les plaines de la Gaule. Il parle, entre autres, de la moissonneuse des gaulois ou « vallus » : 

« Dans les grandes propriétés des Gaules, on pousse à travers les champs de blé de grandes moissonneuses dont le bord est garni de dents, montées sur deux roues et auxquelles une bête de somme est attelée à l’envers. Les épis arrachés tombent dans la moissonneuse » 

A cette époque la force de traction était le bœuf, attelé seul, par le garrot. Il propulsait donc le chariot. Des hommes équipés de faucilles, marchant sur le côté, faisaient tomber le blé dans la charrette appelée « moissonneuse ». 

Plusieurs reliefs sculptés illustrant cet engin ont été trouvés en France, en Allemagne et en Belgique, et sont présentés dans différents musées.

La reconstitution présentée ici a été réalisée en 1996 par Eric Prunier, alors bénévole de l’association Maison de la Vie Rurale.

Javeleuse

Cet appareil coupe le blé, qui tombe sur un plateau poussé par les rabatteurs. Un rabatteur sur 4 va pousser la javelle sur le côté de la machine, hors du champ de passage de la javeleuse. Ainsi, celle-ci pourra travailler en continu, même si les javelles ne sont pas liées et rangées de suite. 

Les javeleuses ont été construites à partir de la moitié du XIX ème siècle, mais peu utilisées dans l’ouest.

Machine à battre à fléaux 

Ce type d’appareil a été imaginé vers 1830, en France et en Allemagne, pour mécaniser la pratique du battage au fléau. Grâce à un tambour mû par une manivelle et équipé d’un jeu de cames, l’appareil reproduit le battement successif de 3 batteurs sur le blé déposé au sol.

Différents types d’appareils ont été inventés, mais aucun n’a été développé de façon industrielle. 

Ici, reproduction construite par nos soins

Le râteau à « balles » 

Râteau en bois, équipé d’un long manche, équipé de dents sur un seul côté, assez serrées.

Permettait d’aller chercher la balle (l’entourage du grain, tombé lors du battage), et également les « épiaux » (courte paille) sous la batteuse, et de les tirer dans un tas.

 Le fléau 

Le fléau a constitué pendant des siècles l’un des principaux outils pour battre les céréales. 

Le fléau est constitué de deux parties en bois : 

- la masse travaillante, c’est-à-dire une tige de bois, de 1 m. environ 

- un manche en bois, d’environ 1,50 m., 

Les deux étant reliés par une courroie de cuir ou des nerfs de bœufs.

La céréale à battre était épandue dans l’aire. L’exécutant frappait le produit ainsi épandu, avec son fléau. Cette opération permettait de faire sortir le grain de sa glume (la balle). Généralement, ce travail était accompli par une équipe de batteurs.


Moissonneuse-lieuse

Inventée aux Etats-Unis par Deering Harvester Company, et construite pour la première fois en série en 1879, la moissonneuse-lieuse assure 3 fonctions en un seul passage :

-la coupe, grâce à une barre de coupe à l’avant

-la formation de javelles

-le liage des javelles, grâce à un noueur et un lien (en métal, puis en sisal, puis en plastique) 

La moissonneuse-lieuse a constitué une révolution dans la récolte des céréales. Ce matériel se généralisa dans l’ouest à partir de la fin du

XIX ème siècle (65 en Vendée en 1892) jusque vers 1950

Batteuse

Les batteuses  sont nées de l’aboutissement de nombreuses recherches autour du battage des céréales et de la traction nécessaire pour l’exercer.

Après le tribulum des romains, le fléau, le rouleau de pierre, la dépiqueuse, la batteuse fut inventée et se développa à partir de 1860, autour de 3 fonctions :

*le battage, pour extraire le grain de ses glumes (enveloppes)

*le secouage, pour séparer le grain de la paille

*le nettoyage, pour sélectionner le bon grain des impuretés, des grains cassés, des grains dépéris.

L’arrivée de la locomobile à vapeur a largement favorisé le développement des batteuses, en nombre et en puissance, relayée par les gros tracteurs à partir de 1945. 

Ici, batteuse Onillon, fabriquée à Nantes vers 1950


Monte-paille

Permettait de recevoir la paille sortant de la batteuse et de l’élever pour la construction du pailler.

L’élévateur, repliable pour le transport, pouvait se déployer jusqu’à 8-10 m.

 

Ici monte-paille construit par un fabricant des Deux-Sèvres et restauré par nos soins.

Egreneuse

L’égreneuse, imaginée au début du XIXème siècle, était constituée :

-d’un plateau permettant de faire pénétrer la céréale dans la machine, épi en avant

-d’un batteur : rotor tournant à grande vitesse, équipé de grosses dents métalliques

-d’un contre-batteur : pièce métallique fixe, équipée également de dents métalliques

En passant entre ces deux éléments, l’épi était égrené, c’est-à-dire dissocié de ses glumes.

Le grain tombait en dessous, la paille sortait par bout.

L’égreneuse (appelée aussi dépiqueuse) était entrainée:

>soit manuellement, grâce à des manivelles, pour les petites machines familiales

>soit par un manège circulaire, tourné par des bœufs ou des chevaux, pour les machines plus importantes.

Cette machine a été l’ancêtre de la batteuse. En effet, on y ajouta progressivement :

-des secoueurs, pour mieux séparer la paille du grain

-des grilles de triage du grain

-des retours d’épis non battus

-des ensacheurs, pour récupérer le grain dans des sacs.

L’arrivée, puis le développement des locomobiles à vapeur permit l’évolution de ces premières batteuses vers des machines beaucoup plus puissantes.

Batteuse Braud 

Cette batteuse fut construite par la société Braud à St Mars la Jaille (44) de 1935 à 1965. Ce fut la dernière avant les moissonneuses-batteuses.

Cette machine est équipée d’un monte-paille, porté sur la partie supérieure.

Utilisée pour les exploitations seules ou les petites entreprises, elle était entrainée soit par une loco à vapeur, soit par un tracteur

Moissonneuse-batteuse-automotrice

A partir de 1950, de nombreux constructeurs français et étrangers développent le battage mobile au champ. Après les moissonneuses-batteuses tractées, se développent les automotrices.

Progressivement, celles-ci vont connaitre des évolutions technologiques importantes :

-trémie (en remplacement des sacs) pour recevoir le grain

-polyvalence (possibilité de récolter, outre les céréales, le maïs, le tournesol, les pois, etc…)

-développement de la puissance (passage de 1, 50 m. de largeur de coupe jusqu’à 9 m. en 50 ans)

-amélioration du confort du conducteur (cabine insonorisée, poste de conduite amélioré, sécurités)

-développement de la technologie (indicateur instantané de rendement, conduite GPS), etc… 

  Ici, moissonneuse-batteuse Braud A 104, construite à St Mars la Jaille vers 1960 et restaurée par nos soins.